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Chronique : On l’appelait Monsieur le juge

On l'appelait Monsieur le Juge

On l’appelait Monsieur le juge : Quand deux passions se rencontrent

Journal L’Express de Drummondville

Jean Pierre Boisvert, 15 mars 2016

 

LIVRE. Une citoyenne de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, Pauline Cloutier, qui a travaillé à la Sûreté du Québec en tant que technicienne spécialiste en révélation d’empreintes digitales, puis, comme technicienne au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale en biologie/ADN et en balistique, a décidé d’écrire un livre sur le procès du juge Jacques Delisle. La passion pour son travail a rencontré celle de l’écriture.

On sait maintenant que le juge Delisle, au terme d’un procès captivant et hautement médiatisé, a été déclaré coupable de meurtre prémédité de son épouse, Nicole Rainville, et a été condamné à la prison à perpétuité.

On l’appelait Monsieur le Juge relate les détails d’une cause particulière, une première dans l’histoire judiciaire canadienne, comme le signale l’auteure.

« Jamais auparavant, dit-elle, un juriste ayant atteint les sommets de la magistrature, la Cour d’appel du Québec, n’avait été accusé, puis, condamné pour meurtre prémédité, le crime le plus grave du code criminel. J’ai été aussi frappée par l’âge des protagonistes de l’affaire : 71 et 74 ans, avec, comme bagage, 50 ans de mariage et une apparente histoire de couple très uni.

Un jour, l’époux s’éloigne une heure et, à son retour, retrouve sa compagne morte, une balle dans la tête. Il déclare que c’est un suicide, que sa femme, victime d’un AVC, ne supportait plus sa nouvelle vie où elle se voyait comme un fardeau pour ses proches. Tout le monde croit cette version : monsieur est un ex-juge, un homme au-dessus de tout soupçon. Ce n’est que plus tard qu’apparaissent des doutes sur le suicide de Mme Rainville. Pour moi, l’histoire m’apparaissait comme un roman policier où on découvre graduellement des indices qui mènent à un meurtre ».

Pauline Cloutier, âgée de 59 ans, a expliqué à L’Express ce qui l’a incitée à se lancer dans l’écriture de ce bouquin. « Ce qui m’a décidé, c’est la nouvelle version de M. Delisle à l’émission « Enquête », de Radio-Canada, et l’apparition d’un nouvel avocat, Me James Lockyer, qui a prétendu que les experts québécois avaient présenté de « mauvaises preuves médico-légales ». Me Lockyer a parlé d’erreur judiciaire et ses propos ont été supportés par des experts d’Ontario et du Manitoba. Personne n’est venu défendre les experts du Québec dans cette émission, et on a fait fi de la décision de 12 jurés, de la Cour d’appel et de la Cour suprême. Dans cette émission, un ancien juge (un ami de Delisle), un avocat ontarien et des experts ontariens viennent dire publiquement que Delisle est victime d’une erreur judiciaire.

C’est à ce moment qu’en tant que citoyenne, j’ai décidé que le public avait droit à une récapitulation de ce procès avec tous les détails : enquête, témoignages, expertises, plaidoiries et décision finale. Pour écrire ce livre, j’ai répertorié tous les articles publiés sur l’affaire, les tweets, blogues et opinions du public, incluant mes souvenirs de tout ce qui se disait sur les lignes ouvertes au cours du procès que j’avais suivi religieusement. J’ai aussi épluché soigneusement les transcriptions du procès pour m’assurer que le lecteur dispose de tous les renseignements nécessaires pour se faire une opinion. J’ai commencé en mars 2015, après l’émission « Enquête ». La première rédaction a été rapide mais le livre a été vérifié de nombreuses fois avant la publication ».

La retraitée bonconseilloise admet que l’expérience de son travail lui a permis de comprendre la portée des résultats techniques présentés au cours du procès et d’expliquer au lecteur les étapes d’une enquête et des expertises souvent difficiles à suivre quand on en ignore la base. Elle a cherché à démontrer au lecteur comment se passe une enquête policière qui doit être d’autant plus rigoureuse que l’accusé est un ex-juge qui connait la loi et les procédures à suivre.

Pauline Cloutier ajoute qu’elle a adoré écrire ce livre « car il s’agissait d’abord d’un travail de recherche correspondant à ma formation ». Elle aurait envie d’aller plus loin. « J’aime les mots, j’aime les textes clairs et j’aime écrire. Si je disposais de tous les renseignements et transcriptions de procès anciens, j’aimerais écrire des livres sur nos tueurs en série (on en a eu quelques-uns!) ou sur des crimes particulièrement complexes qui se sont passés au Québec. Malheureusement, la technologie qui nous permet d’être bien informés aujourd’hui est trop récente pour permettre l’accès aux détails de crimes plus anciens.

En ce qui concerne l’écriture sur d’autres sujets, j’ignore si je saurais le faire. Je ne me considère pas comme une auteure et On l’appelait Monsieur le Juge est juste une histoire qui s’est imposée à moi. Dans les faits, je suis une simple retraitée qui aime lire et manier parfois la plume », a-t-elle confié à L’Express dans un échange de courriels.

Quelques mots sur le livre

Le contenu du livre s’apparente, pour certains passages, à des scènes tirées tout droit des laboratoires de la télésérie américaine CSI. Les moindres détails au cœur de l’histoire sont scrutés à la loupe et ceux-ci sont minutieusement décrits par l’auteure.

On y parle notamment d’angle de tir, de cartouche, de taches de sang et de multiples essais effectués pour recréer ce qui a pu se passer. Les «scènes» décrites au palais de justice sont aussi très marquantes. Le lecteur peut facilement s’imaginer dans l’assistance à entendre les arguments de la couronne et de la défense.

(En collaboration avec Jessica Ébacher)

Cliquez ici pour consulter l’article original

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